SDD 22 – Design(s) du Sud/Sud(s) du design ? Pour un design au-delà de la Modernité
Appel à articles
Sciences du Design lance un appel à articles sur le thème « Design(s) du Sud/Sud(s) du design ? Pour un design au-delà de la Modernité » pour son numéro 22 à paraître en décembre 2025, sous la direction de Barbara Szaniecki (théoricienne du design, Esdi/UERJ, Rio de Janeiro), Francesca Cozzolino (anthropologue et historienne des arts, EnsadLab, Paris), et Diego Landivar (économiste et anthropologue, Clermont SB, Origens Medialab, IEA Nantes).
L’objet de ce numéro est de mettre à l’épreuve des pratiques et des méthodes nouvellement investies à partir de recherches sur le design provenant des « Suds » ou situées au Nord, mais s’appuyant sur des concepts et des approches théoriques provenant des pays du Sud.
Approche et cadrage
Par « Suds », nous renvoyons tout autant à ces approches philosophiques non-eurocentrées qui ont été désignées comme des épistémologies du Sud et qui, de manière plus générale, s’ancrent dans des questions portées par les nouvelles pensées africaines, latino-américaines, orientales, autochtones. Mais nous incluons également dans cette expression ces approches théoriques et pratiques portées par des collectifs, situés en occident, et qui proposent de nouvelles configurations épistémiques, ontologiques ou politiques (ZAD, espaces ruraux, espaces désindustrialisés, banlieues, etc.).
Il s’agit ainsi de réunir dans ce numéro un ensemble de regards théoriques et d’études de cas pratiques permettant de penser le design à partir d’un plurivers ontologique, un perspectivisme radical, de la pensée décoloniale ou postcoloniale, féministe et écologique, d’une diplomatie cosmopolitique, des économicités, etc. Le Design a-t-il un Sud ou plusieurs ? Peut-il accueillir en son sein des versions du monde radicalement plurielles ? Comment les circulations d’idées et de concepts venant des Suds façonnent aujourd’hui des expériences de design qui trouvent leur scène de diffusion dans des pays occidentaux ? Et comment, en retour, le design moderne résiste-t-il à ces tentatives de pluralisation ?
L’ambition de ce numéro est d’explorer ces questions à partir de trois axes :
Axe 1 – Circulations
Cet axe concerne des transferts de concepts, déplacements de personnes, de méthodes pédagogiques, de techniques, de scènes du design (biennales, foires, expositions) ou autre forme d’enchevêtrements dans le domaine du design avec d’autres domaines d’action ou de pensée. Ces dynamiques peuvent se saisir à travers la trajectoire d’individus, dans la création d’événements autour du design ou la création d’écoles et formats pédagogiques qui d’une localité à l’autre (du Nord au Sud et vice versa) se font écho, entrent en friction ou avancent une perspective radicalement critique.
Axe 2 – Histoire(s) plurielle(s) du design
Cet axe propose une histoire « augmentée » du design, en y intégrant des mouvements historiques et des archives méconnues ou invisibilisées et qui permettent de tisser une histoire qui va au-delà du seul récit de la modernité européenne. Cet axe s’ouvre aussi à une histoire « connectée » du design. Il peut s’agir de contributions qui étudient les interactions entre des courants et/ou des acteurs du design au-delà du partage binaire entre un Nord designer et un Sud designé.
Comment produire une histoire plurielle et émancipatrice du design ? Comment produire d’autres relations entre histoires, mémoires et mythes à travers le design ? Comment penser des géographies du design dont les conceptions spatiales sont davantage axées sur les connexions et les circulations que sur les frontières et l’isolement ? Des géodesigns qui peuvent donc provoquer d’autres répartitions des pouvoirs et des savoirs et promouvoir d’autres lignes, processus et projets plus ouverts ?
Axe 3 – Légitimité
Toutes ces ouvertures n’épuisent pas pour autant le caractère fondamentalement moderne du design. Cet axe s’intéressera donc aux travaux qui voient les Suds comme des lieux où le design est repolitisé plutôt que des réservoirs de pratiques nécessairement alternatives et plurielles du design. Il sera également attentif aux travaux qui relatent des expériences où des collectifs des Suds, dans leurs mobilisations politiques ou leurs stratégies sociales et économiques domestiquent ou réagencent le design au service de leurs stratégies propres. Quels nouveaux acteurs du design, qu’ils soient collectifs, communautaires, cosmologiques ou non humains, émergent alors ? Théoriquement on pourra alors aussi s’interroger sur la capacité du design à être capable de se réinventer ou est-il condamné à être lié à une modernité hégémonique ?
Sont invités à répondre à cet appel des chercheur.e.s et praticien.ne.s de différents domaines du design (objet, graphique, textile, etc.) souhaitant proposer des contributions théoriques, des études de cas, des textes critiques et/ou spéculatifs en lien avec la thématique du dossier.
Modalités de soumission
Les intentions de soumissions (d’un maximum de 750 mots) sont à soumettre via un formulaire que vous trouverez ici
Les auteurs et les autrices doivent soumettre un article complet (full paper) via la plateforme éditoriale de la revue accessible à cette adresse : https://edition.uqam.ca/sciences-du-design
Un article complet comprend entre 30 000 signes (soit environ 5000 mots) et 40 000 signes (soit environ 7000 mots), hors bibliographies et notes. Merci de respecter scrupuleusement les consignes aux auteurs.
Calendrier
- 20 novembre 2024 : Soumission des propositions sous forme de résumé long (750 mots), à déposer ici
- 4 décembre 2024 : réponse aux auteurs
- 25 février 2025 : soumission des articles complets sur la plateforme Sciences du Design
- 30 avril 2025 : réponse provisoire aux auteur.rices
- 30 juillet 2025 : réponse définitive aux auteur.rices
- Décembre 2025 : publication du numéro
Contact
bszaniecki@esdi.uerj.br
francesca.cozzolino@ensad.fr
diego.landivar@esc-clermont.fr
Références
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